Tout ce qui se passe à l’intérieur

L’image disparaît peu à peu, la mémoire flanche.
Etait-ce il y a un an, il y a dix ans ?

Comment continuer quand les souvenirs s’embrouillent ?
Comment continuer quand la sensation est présente et l’image s’efface ?

Le temps guérit dit-on.
Le temps, cet allié, qui fait oublier, sans guérir forcément.

C’est facile de cacher derrière une porte,
C’est facile de ne pas vouloir voir.
Tout ce qui gêne, qui ne plaît pas est rendu transparent, invisible.

Et ça joue le jeu, ça reste caché, ça ne se montre plus, ça ne fait plus de vague.
Et au moment, le moins probable, croyant être guéri, avoir avancé,
Un bruit venant de l’extérieur vient réveiller le tout.

La douleur se ravive à l’intérieur, le feu n’était pas tout à fait éteint en fin de compte.
Tout est de retour, ce pincement au cœur, ce poing dans le ventre, cette fissure dans le dos.
La construction vacille, la structure tangue, pourtant personne ne perçoit.

Du fin fond de la mémoire, tout remonte
Devant les yeux, le scénario défile

Tout redevient réel, rien n’était oublié.
Les gestes, les mots, les bruits, les émotions, tout est là, à nouveau vivant, comme gravé dans l’ADN.
Un virus qui, lorsque toutes les conditions sont réunies, se réveille et se déverse dans nos veines.

Tout autour, personne ne se rend compte qu’à l’intérieur, un étage s’est écroulé.
De la lutte pour garder les fondations debout,
Un combat intérieur imperceptible de l’extérieur.

Non, non, seulement de la fatigue, un mal de crane, ne vous en faites pas…
Et rentrer chez soi et s’écrouler.
Personne ne verra, personne ne saura.
Toute façon personne ne peut comprendre.

Qui dans nos vies connaît toute notre histoire ?
Qui sait où se trouve le refuge quand tout vacille ?
Personne connaît ce monde intérieur qui nous anime.

Et puis reconstruire, reconstruire avec la nouvelle donne, avec des pierres plus solides.
Au départ, la première pierre est posée, puis la deuxième, ainsi de suite.

D’ailleurs, le processus passe inaperçu.
Les murs se fortifient, la maison intérieure grandit.

A chaque réveil au matin, à chaque pied posé à terre
Sans s’en rendre compte, c’est ainsi,
Un nouvel étage s’érige plus solide, plus dur.

Tout cela fait partie intégrante de nous maintenant.
La construction peut se poursuivre

Et au prochain évènement, à la prochaine pierre enlevée,
Peut-être un étage s’écroulera, mais les fondations, elles, resteront debout.

– Texte écrit par Marilène Oberlin, www.omjoie.lu peut être partagé en respectant et mentionnant l’auteur et la source –